Grands médias, grands moyens… et workflow du siècle dernier ?

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Une façade moderne, mais des méthodes d’un autre temps

Il suffit de franchir les portes d’un grand groupe média pour être impressionné : murs d’écrans, régies bardées de technologies dernier cri, plateformes de diffusion pilotées à la seconde près. Et pourtant, derrière cette vitrine, les workflows internes de postproduction ressemblent parfois à des puzzles mal agencés. Des transferts de fichiers encore manuels, des logiciels qui refusent de parler entre eux, des versions en doublon disséminées sur plusieurs serveurs… 

Bref, on n’est pas loin d’un bon vieux schéma des années 2000, sauf que l’on y colle aujourd’hui des mots comme « cloud » ou « IA » pour faire bonne figure.

Le paradoxe est là : les groupes investissent dans des équipements de pointe pour la diffusion, mais l’étape cruciale de la postproduction – là où se joue la qualité, la rapidité et l’impact final d’un contenu – reste souvent figée dans des pratiques dépassées. C’est comme rouler une voiture électrique avec des pneus en bois : ça ne tient pas la route bien longtemps.

Ce constat est partagé à l’international, et pas seulement en France. De nombreux experts pointent le même retard structurel. Non pas à cause d’un manque de moyens, mais d’un problème de culture, d’habitude et surtout d’organisation. C’est précisément ce qu’il est urgent de remettre en question.

Pourquoi le workflow classique freine tout le monde

À première vue, un workflow classique fonctionne. Il a permis de produire des dizaines d’émissions, des centaines de reportages, des milliers d’heures de contenus. Mais en creusant un peu, on découvre un système trop rigide, lent et coûteux. 

Un workflow classique repose souvent sur une organisation en silos : les équipes tournage, montage, habillage, mixage ou publication fonctionnent séparément, avec des étapes très marquées. Résultat : la moindre modification implique des allers-retours chronophages, des pertes d’information et un stress permanent sur les délais.

Les freins sont nombreux et bien identifiés :

  • Manque d’interopérabilité entre les outils : chacun travaille avec ses formats, ses habitudes, ce qui complique les échanges.

  • Multiplication des versions de fichiers : doublons, erreurs de synchronisation, confusion sur la « bonne » version à diffuser.

  • Communication morcelée : trop d’échanges par mail, Slack, appels téléphoniques sans centralisation claire.

  • Infrastructures locales rigides : difficile d’adapter le travail aux équipes hybrides ou au télétravail.

  • Stress organisationnel : des délais serrés aggravés par des tâches manuelles et des boucles de validation inefficaces.

Quand une équipe envoie une mauvaise version ou que des métadonnées sont perdues en route, ce sont des heures de travail gâchées, et parfois une diffusion ratée.

Rien d’étonnant, donc, à ce que les jeunes talents qui rejoignent le secteur soient souvent déconcertés par ces méthodes d’un autre âge. Et quand l’innovation effraie plus qu’elle n’inspire, c’est que le modèle est à bout de souffle.

Ce que les médias les plus agiles ont compris

Face à ces blocages, certains acteurs ont décidé de rompre avec les habitudes et de revoir en profondeur leur approche. Leur secret ? Une vision plus fluide, plus modulaire et centrée sur la collaboration. 

Ces médias ne considèrent plus la postproduction comme une suite d’étapes figées, mais comme un flux continu d’interactions et d’échanges, où chaque intervenant peut contribuer en temps réel, quel que soit son rôle ou sa localisation.

Le cloud est au cœur de cette transformation. Non pas comme une simple solution de stockage, mais comme un espace de travail vivant. Les plateformes comme Frame.io, LucidLink ou Adobe Cloud ont permis de passer à un mode de production distribué, où un monteur à Paris, un graphiste à Montréal et un journaliste à Dakar peuvent travailler sur le même projet, en même temps, sans friction.

Autre point clé : l’intégration des outils entre eux. Fini le patchwork de logiciels qui ne se parlent pas. Les nouveaux workflows sont construits autour d’APIs, de métadonnées partagées, de formats standardisés. Tout est pensé pour éviter les redondances et réduire les manipulations humaines inutiles.

En somme, ces médias agiles ont compris que moderniser la postproduction, ce n’est pas empiler les technologies, c’est changer de philosophie. Mettre la collaboration, la simplicité et la vitesse au centre du jeu. Et, surtout, faire en sorte que la technologie s’adapte aux humains, pas l’inverse.

Repenser la chaîne de postproduction : pas seulement une question de tech

On aurait tort de croire que moderniser son workflow de postproduction, c’est juste une affaire de logiciels. Ce serait comme acheter une cuisine dernier cri sans jamais apprendre à cuisiner. L’enjeu est autant organisationnel que technologique. Il faut repenser les rôles, les interactions, les routines.

Prenons un exemple concret : la validation des versions. Dans un modèle classique, chaque version d’un sujet passe de main en main, souvent par mail ou transfert FTP. Chacun donne son avis, parfois en décalé, souvent sans voir la dernière version. Résultat : des boucles sans fin et une montée en stress. Avec un workflow moderne, la validation est :

  • Centralisée : tout le monde accède à une version unique depuis une plateforme commune.

  • Collaborative : les commentaires sont visibles par tous et directement reliés au contenu.

  • Tracée : chaque modification, chaque validation est historisée pour éviter les erreurs.

  • Contextualisée : les feedbacks sont rattachés à des timecodes précis, plus de quiproquos.

Mais pour que cela fonctionne, il faut aussi accompagner les équipes. Leur montrer que ce n’est pas un changement contre eux, mais pour eux. Que l’objectif n’est pas de fliquer ou de robotiser, mais de fluidifier, de rendre les tâches plus simples, plus humaines.

C’est souvent là que le bât blesse : les transformations sont pilotées par la technique, sans dialogue avec ceux qui produisent réellement le contenu. Résultat ? Des outils mal utilisés, des frustrations, voire des rejets. Pour réussir, il faut embarquer tout le monde dès le début, créer du sens, former intelligemment.

Moderniser la postprod, c’est donc avant tout un projet de culture et de méthode. Et ça commence par une question simple : comment redonner du souffle et du plaisir à ceux qui créent nos contenus chaque jour ?

Cas concrets : ceux qui ont sauté le pas (et ce qu’on peut en tirer)

Le changement, certains l’ont déjà mis en œuvre – et avec succès. Prenons le cas de France Télévisions, qui a repensé en profondeur son workflow en adoptant un système cloud hybride. Leur objectif était clair : mieux gérer les flux, raccourcir les délais, et permettre une plus grande autonomie des équipes régionales. Résultat ? Moins d’erreurs, une meilleure traçabilité et surtout, une réactivité bien plus forte face à l’actu chaude.

Autre exemple : certaines chaînes thématiques comme Arte ont investi dans des outils de gestion de projet centralisés, avec un suivi en temps réel des versions, des tâches et des échanges. Cela a permis de réduire drastiquement le nombre d’e-mails internes et de concentrer l’énergie sur ce qui compte : le contenu.

Dans le secteur privé, des sociétés de production plus petites mais très agiles, comme Elephant ou KM, ont misé sur une approche modulaire : petits outils interconnectés, logique de plug-and-play, cloud natif. Ce sont souvent elles qui expérimentent le plus, parce qu’elles ont moins à perdre… et tout à gagner.

Ce qu’on retient de ces cas, c’est qu’il n’y a pas une seule bonne solution, mais des principes communs : agilité, collaboration, visibilité. Et surtout, une volonté claire de rompre avec le « on a toujours fait comme ça ».

Ces expériences montrent qu’on peut transformer une organisation sans tout casser. Et qu’au contraire, en repensant les bases, on retrouve un workflow plus sain, plus fluide, plus motivant.

 

Par où commencer pour moderniser (vraiment) ?

D’accord, mais concrètement, on commence par quoi ? Si tu fais partie d’un média ou d’une boîte de production, inutile de tout révolutionner en une nuit. Ce qu’il faut, c’est une stratégie par paliers, bien pensée.

Voici une démarche simple pour amorcer le changement :

  • Cartographier les étapes du workflow actuel. Où sont les frictions ? Les doublons ? Les pertes de temps ?

  • Identifier les « quick wins ». Par exemple, remplacer les transferts manuels par une solution collaborative ou centraliser les validations.

  • Former les équipes. Pas en mode PowerPoint, mais avec des cas concrets, des ateliers pratiques, des outils choisis avec eux.

  • Choisir des outils adaptés. Pas les plus chers, ni les plus « tendance », mais ceux qui s’intègrent facilement à votre écosystème.

  • Tester à petite échelle. Un projet pilote, une équipe volontaire, un périmètre clair. Observer, ajuster, puis déployer plus large.

Et surtout : documenter, partager les retours, célébrer les réussites. Le changement, ce n’est pas juste une question d’outil. C’est un état d’esprit.

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Un pas vers l’avenir ?

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que la modernisation du workflow en postproduction n’est pas un luxe ou un effet de mode. C’est une nécessité. Une urgence, même, si les médias veulent rester pertinents, réactifs et compétitifs dans un écosystème qui bouge à la vitesse du scroll.

Le risque, en restant figé, ce n’est pas seulement de prendre du retard. C’est de perdre le lien avec ceux qui créent, ceux qui racontent, ceux qui font vibrer le contenu. Un workflow obsolète, c’est aussi un frein à la créativité, à la spontanéité, à la collaboration humaine. Et ça, aucun plugin ne peut le rattraper.

Heureusement, les solutions existent. Elles sont là, accessibles, souvent plus simples qu’on ne le croit. Mais elles demandent un vrai choix, une vraie volonté, un vrai projet. Et parfois, juste un petit déclic pour tout enclencher.

Alors, on fait quoi ?

On reste bloqué dans les années 2000 avec des disques durs à la main, ou on avance vers des workflows vivants, connectés, inspirants ?

Il est peut-être temps de faire un pas. Même petit. Mais dans la bonne direction.

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